La première journée du procès de l’affaire du vol de cocaïne au Quai des Orfèvres a permis notamment le visionnage des caméras de surveillance. Et la reconnaissance formelle de Jonathan Guyot, le suspect principal, ne saute pas aux yeux.
Jonathan Guyot a toujours nié et il n’est pas prêt, visiblement, de changer de version. Principal suspect dans l’affaire qui a secoué le Quai des Orfèvres, où près de 49 kilos de cocaïne (51, 6 emballage compris) ont été volés à l’été 2014, le membre de la Brigade des stupéfiants à l’époque n’a pas hésité à interpeller la partie adverse. L’homme de 35 ans ne s’est pas laissé faire au cours de la première journée du procès débutée à 13h30, et notamment au sujet de son identification. Après l’énonciation des faits qui lui sont reprochés (il se trouve sous le coup de six chefs d’inculpation dont le vol, le recel et le blanchiment de drogue et risque jusqu’à 10 ans de prison), Guyot soutenu par son avocat a tenté de fragiliser les images de la caméra de surveillance censées confondre cet ancien brigadier plutôt bien noté par sa hiérarchie. Dans la salle de la 14e chambre correctionnelle du TGI de Paris, trop étroite pour accueillir tout le public mais pas la trentaine de journalistes, on a découvert les éléments de la vidéo surveillance montrant l’entrée de cet homme au 36 Quai des Orfèvres à 23h55, le 24 juillet 2014 (après avoir présenté sa carte de police), et sa sortie une heure plus tard.
L’instruction s’est appuyée, entre autres, sur les souvenirs de deux personnes affectées au gardiennage du siège de la Police judiciaire de Paris. Et leur témoignage, décrivant quelqu’un de taille moyenne, coiffé d’une casquette et portant jeans et blouson style bomber, comporte quelques zones d’ombre, avance l’avocat de Jonathan Guyot. La première gardienne, absente des débats aujourd’hui au contraire de sa collègue Carine, était en faction au rez-de-chaussée. Elle affirme que l’homme ayant par ailleurs été reconnu par plusieurs de ses collègues, plutôt sa démarche et son allure que son visage (quasiment invisible sur la vidéo), était pressé de quitter les lieux. C’est pour cela qu’un des sacs a heurté un des genoux de la gardienne alors en train d’ouvrir la porte. « C’est comme ça que je me suis rendue compte que les sacs étaient lourds, rapporte le PV de son audition devant le juge d’instruction. Et la gardienne de raconter avoir vu ce qui ressemblait à des pains de cocaïne, décrire le conditionnement de la marchandise ou la couleur de l’emballage. Non seulement, les images ne montrent pas un des trois sacs de supermarché toucher la jambe de la personne en question mais la défense se demande pourquoi est-elle est si précise.
« Comment a-t-elle pu voir tous ces détails en quelques petites secondes ? », s’interroge Maître Bertrand Burman. On ne voit pas non plus le sac ouvert. » Et Jonathan Guyot d’affirmer que soulever 50kg est quelque chose de très difficile. Avec sa carrure très modeste, il en était de toute façon incapable, ajoute-t-il. Les témoins ont également visionné le passage de deux policiers, au même endroit 48 heures plus tôt le vol présumé, dont un affichant des similitudes avec l’homme aux sacs. Ils ont été ensuite soumis à des photos de portraits (18 réparties sur trois planches) et la présentation derrière une glace sans tain de trois individus. Au cours de cette dernière méthode, Jonathan Guyot a été formellement reconnu. On sera toutefois curieux d’entendre ce mercredi à la barre la gardienne de la paix au récit peut-être ombrageux. « Sur les images, il est impossible de reconnaître Jonathan Guyot. Le gardien de la paix chargé du 2e étage ou ceux qui connaissent bien Jonathan, à part d’eux d’entre eux sur huit, soit ils ne le reconnaissent pas, soit ils ne sont pas formels», insista Maître Burman à la sortie de l’audience, peu avant 19 heures.
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