Farid Kharraki a maintenu ses déclarations mettant en lumière le rôle majeur qu’aurait tenu Jonathan Guyot dans le vol des 48 kilos de cocaïne. Sans oublier le trafic de cannabis. L’ex-brigadier a eu du mal jeudi à faire face.
La gorge nouée, le souffle un peu court, Jonathan Guyot a du mal à encaisser ce qu’il entend. Farid Kharraki continue de l’enfoncer, dans la foulée de ses déclarations de la veille. Présenté comme l’informateur de l’ex-brigadier des Stups, il raconte jeudi après-midi la transaction des sacs de cocaïne effectuée chez lui à Malakoff dans la nuit du 24 au 25 juillet 2014. Guyot le rejoint à son domicile mais ce sont deux autres personnes qui transportent la marchandise. Kharraki ne les connaît pas. « J’ai pris ma commission de 200 000 euros et je suis parti », répète-t-il devant l’insistance du tribunal au sujet de ces deux individus. Appartiendraient-ils à la police ? « C’est à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale) de le dire, ils sont là au fond de la salle », répond le trafiquant précisant que Guyot l’a prévenu autour du 10 juillet de l’affaire et lui a demandé de lui trouver des acheteurs. Et le voilà reparti dans sa rengaine. Il n’est pas un Indic mais un « client », en affaire avec des policiers. Tout simplement.
« Je comprends son changement de statut, pour ne pas dire qu’il est informateur mais je suis serein parce que ce n’est pas vrai », se défend Guyot avant de lancer une contre-attaque: « Je vais vous faire une révélation ». Les 16 000 euros trouvés dans son sac à dos lors de son arrestation le 2 août 2014 à Perpignan lui ont été confiés par Farid Kharraki: « Il avait fait un coup. Il avait volé de l’argent et il voulait que je lui garde ». Tentative osée murmure la salle. « Pourquoi alors, intervient la procureure, M. Kharraki a-t-il effectué des dépôts d’argent au Maroc entre le 18 et le 31 juillet ? ». Il voulait certainement en garder une partie en France, suppose Jonathan Guyot.
La tentation du profit
Lors de cette troisième journée d’audience, le Perpignanais est à nouveau apparu trop hésitant dans ses réponses. « Je ne m’en souviens pas » ou « Je ne sais plus à quoi ça correspond » ont souvent accompagné sa défense. Une mémoire intermittente qui ne le sert assurément pas devant le tribunal. Comme quand on lui présente les notes retrouvées sur son téléphone, et celle du 7 juillet 2014 sur laquelle sont inscrits les chiffres 3654 correspondant au code du coffre renfermant une des clés de la salle des scellés. Il avance ensuite une théorie assez fragile quand il s’agit d’expliquer d’autres mémos décrivant la manière d’ouvrir un coffre: « Ce sont des notes du chef de groupe envoyées sur mon téléphone pour faire un test infra rouge. On a oublié de les enlever ».
Jonathan Guyot ne sera pas plus convaincant pour justifier deux incursions dans la salle des scellés du 3e étage du siège de la PJ de Paris, dont la première fois le 8 juillet 2014. La journée s’achève peu avant 19 heures avec Patrick Busson. Cet ex-flic révoqué maintient ce qui lui a coûté sa place dans la police. Guyot lui avait proposé une « affaire » de cannabis, qu’il a jugée après coup comme un « mauvais plan ». Une pratique rappelée par Farid Kharraki. Le « client » des flics a reçu de Guyot « 90kg de cannabis en tout » sur une période de plusieurs mois, avant la fameuse nuit du 25 juillet.
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