Sydney D. encourt 20 ans de réclusion criminelle dans l’affaire Cannes-Torcy, à caractère terroriste. Ce jeune homme originaire de Metz a témoigné d’un passé marqué d’épreuves douloureuses. Cela explique-t-il en partie sa présence dans le box des accusés ?
C’est un parcours pour le moins heurté. Sydney D. n’a pas connu son père et sa maman disparaît alors qu’il n’a que 11 ans, suite à des problèmes de toxicomanie, se souvient-il dans le box des accusés. Dans la grande salle de la cour d’assises du Tribunal de grande instance de Paris, le jeune homme de 24 ans se livre sans trahir une émotion particulière sur cette enfance torturée. Comme si tout cela finalement était devenu banal, par force de l’habitude d’une vie au cours de laquelle rien n’a été réussi.
Placé très tôt en famille d’accueil et baladé de foyer en foyer, Sydney présente un profil souvent connu des délinquants, victimes des mauvaises fréquentations et privés d’un référent, nécessaire pour le remettre dans le droit chemin. Il tente bien de passer plusieurs CAP mais il ne tient pas la distance. « ça me saoulait au bout d’un moment », reconnaît-il ce 27 avril devant les questions du président de la cour, Philippe Roux. Les 11 condamnations qui remplissent son casier judiciaire traduisent ses errances. Et il choisit la route de l’Islam
« Je croyais en Dieu mais je ne savais pas quelle religion », raconte celui qui s’est converti à la mosquée de Saint-Denis, en région parisienne où une de ses rencontres l’a mené. On le retrouve ensuite du coté de Cannes: « Je me suis dit, quitte à galérer, autant que ce soit dans le Sud ». C’était l’époque du ramadan, se souvient Sydney. Il se remet alors à prier sérieusement. La mosquée de Cannes lui offre l’occasion de nouvelles rencontres, des jeunes comme lui, dont une partie est accusée aujourd’hui de « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime d’atteinte aux personnes ».
« Au mauvais moment, au mauvais endroit »
Avec la plupart des 19 autres individus il doit répondre également de participation à « un groupe ayant pour objectif la commission d’attentats visant notamment des militaires ou des membres ou des institutions représentatives de la communauté juive ». Si Sydney se qualifie de « musulman du juste milieu » et considère Daesh pas légitime, il voit la charia comme « une loi parfaite ». Il précise devant les questions du ministère public que la charia « englobe tout, pas comme l’image que donnent les médias ». « Que pensez-vous de la lapidation ? », lui demande alors l’avocate générale. « Je ne le ferai pas. C’est le Coran qui le dit »
Sydney avoue par ailleurs regretter certaines paroles, comme quand il apostrophe dans un courrier le juge d’instruction lui assurant appartenir à Allah à qui il s’en remet dans cette histoire. « Je n’allais pas bien à cette époque, j’étais en dépression », explique le jeune homme à la barbe rousse, portant lunettes rondes et chignon. Depuis, il s’est marié religieusement au cours de sa détention avec une étudiante: « C’est difficile, elle attend que je sorte pour qu’on s’installe ». Sydney continue de penser qu’il ne devrait pas être derrière les portes d’une cellule, qu’il s’est trouvé « au mauvais moment, au mauvais endroit ». Il risque 20 ans de réclusion criminelle.
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