Une des enquêtrices de l’attentat de l’épicerie casher de Sarcelles, en septembre 2012, a témoigné lors du procès de la filière Cannes-Torcy.
Leur intervention n’a duré que quelques secondes. Invités par la cour à faire une déclaration spontanée au sujet des chefs d’accusation pesant sur eux, les 17 accusés présents ont, sans surprise, globalement et sensiblement minimisé leur supposée responsabilité dans l’association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime d’atteinte aux personnes. Certains se sont dit victimes d’une « erreur judiciaire » alors que d’autres affirment ne pas savoir à l’époque ce qu’il se tramait. Ils disent qu’ils ne connaissaient pas les intentions criminelles de Jérémie L. S. et Jérémy B., auteurs présumés de l’attentat.
Ce dernier reconnaît « tous les faits »… mais pas celui d’avoir lancé la grenade dans une épicerie casher le 19 septembre 2012 à Sarcelles. « Ce jour-là, on a eu de la chance. On aurait pu avoir quatre morts », déclare le témoin numéro 50. Cette enquêtrice de la Sous-direction anti-terroriste (SDAT) intervient par visioconférence, dans l’obscurité et avec une voix trafiquée, par mesure de sécurité dans ce genre d’affaires.
Ben Laden ou Merah comme modèles
L’officier de police judiciaire (OPJ) estime que la charge de l’engin explosif représentait cinq fois la puissance de ceux utilisés lors des attentats de 1995 à Paris. « C’est dire la dangerosité des intentions », poursuit-elle lors de la présentation générale des faits. Un témoignage indique que Jérémy B. s’était vanté, dans la voiture volée ayant amené sur place les deux hommes (une Alfa Roméo), d’avoir lancé la grenade. L’engin ayant atterri sous une rangée de chariots métalliques, l’explosion a été freinée et occasionné un blessé léger, au mollet.
Sentant la menace augmenter, après avoir placé sous surveillance Jérémie L.S. (trahi par une trace sur la cuillère de la grenade) et son entourage, les enquêteurs lancent une vague d’interpellations début octobre 2012. Et « Madame 50 », comme la plupart des avocats de la défense l’ont appelé, d’indiquer qu’un attentat visant le 4 octobre deux fast food avait été avorté.
En évoquant JLS, le meneur du groupe Cannes-Torcy, l’enquêtrice précise qu’il était connu des services, avant l’attentat, comme quelqu’un manifestant « en permanence sa haine des juifs et son appel au djihad… La radicalité est montrée dans les conversations. Ils se vantaient de vouloir ressembler à Merah ou Ben Laden ». Les auditions des policiers se poursuivront la semaine prochaine.
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