Au 31e jour du procès Cannes-Torcy, il a longuement été question des accusés partis en Syrie. Arrêté en France il y a trois ans à son retour du front, Ibrahim B. nie avoir eu l’intention de commettre un attentat sur le territoire national.
On allait entendre ce qu’on allait entendre! Ibrahim B. est déterminé à dire la vérité. En préambule à sa nouvelle audition face aux magistrats, il assure se trouver dans de bonnes dispositions pour parler sans contrainte. Ah oui ? Pour se libérer d’un poids ? Tout balancer ? Dire qu’après ses voyages en Egypte et en Syrie, il est revenu en France début 2014 pour commettre un attentat ? Raté « Vous n’avez pas varié d’un iota par rapport à vos précédentes déclarations », regrette l’avocate générale. L’accusation a essayé en vain de lui faire avouer ses éventuelles actions auprès de l’Etat Islamique de l’Irak et du Levant (à l’époque). Ibrahim B. a réponse à tout, ou presque, en maniant pas trop mal l’art de l’embrouille. Il lâche tout de même un scoop: « La Syrie, c’était pas Disneyland »…
Il est parti le 26 septembre 2012 pour combattre. A son arrivée, la frontière passée, Abdelkader T. (autre accusé) et lui sont emmenés par un membre de l’Armée syrienne libre. « J’étais parti pour combattre Bachar Al-Assad, par solidarité entre musulmans. Ils se faisaient bombarder, je suis allé les aider ». Au 31e jour du procès dit de la filière Cannes-Torcy, le natif d’Alger répète s’être battu aux côtés du groupe Ahrar al-Cham, précise qu’on lui a donné une femme, une maison et un travail. Et puis les tensions apparaissent, explique celui qui a 23 ans à l’époque. Nous sommes à la fin de l’année 2013: « Ils m’ont dit qu’il fallait combattre l’EIIL. » Il refuse. Retour en France, via la Grèce où les policiers locaux découvrent sur une clé USB un document word intitulé « Réalisation de bombes artisanales, Au nom d’Allah ». Il expliquera devant les enquêteurs français quelques mois plus tard que ce document ne lui appartenait pas.
Un braquage et on repart ?
Ibrahim B. est finalement arrêté le 11 février 2014 aux alentours du domicile de son père à Mandelieu-La Napoule, où les policiers effectuaient une surveillance. On retrouve trois jours plus tard, cachés dans les parties communes du dernier étage de l’immeuble, trois explosifs, une arme de poing et des chargeurs. Les conclusions du juge d’instruction penchent pour un acte terroriste, peut-être un attentat suicide. Pas du tout, répond Ibrahim B. Il voulait faire sauter un coffre, récolter le magot et repartir en Syrie retrouver sa femme et son enfant. Et devant l’avocate générale: « Si j’étais un terroriste, vous croyez que je me serais laisser arrêter sagement par la DCRI alors que j’avais des explosifs à portée de mains ? ». Vu comme ça… Fin du procès prévu le 21 juin.
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