Histoires de stades et de tribunaux

Justice

« Votre monde existe, c’est l’enfer » (2e partie)

(Crédit: Alexandre Sarkissian).

Des peines conséquentes ont été requises lors du procès Cannes-Torcy. Vendredi, Philippe Courroye n’a pas épargné ceux qu’il considère guidés par un « fanatisme criminel ».

L’avocat général n’oublie pas non plus l’imam de la mosquée de Torcy, passé à la barre de la cour d’assises de Paris. Il ne pouvait pas ignorer les obscures pensées guidant ses fidèles. L’accusation en a l’intime conviction: « On ne peut pas ne pas se poser la question de son adhésion de celui qui a reçu le testament de Jérémie Louis-Sydney ». Mort le 6 octobre 2012 lors de son interpellation à Strasbourg, le leader ultra déterminé du groupe nourrissait une haine des juifs et des « mécréants », et considérait le djihad armé comme le moyen approprié de son idéologie. Un sentiment partagé par les autres accusés, du moins une bonne partie, insiste là aussi Philippe Courroye. A commencer par Jérémy Bailly, le numéro deux du groupe et principal accusé depuis la mort de JLS.

Malgré sa détention et son isolement, il a communiqué 146 fois, précise le magistrat, avec le tueur du couple de policiers de Magnanville (juin 2016). Depuis le début du procès, le 20 avril, poursuit Courroye, l’Europe a été victime de quatre attaques terroristes, deux à Paris et deux en Angleterre. Oui, ce procès s’inscrit bien dans un contexte très particulier.  L’attentat de Sarcelles, perpétré le 19 septembre 2012, constitue le « point d’orgue criminel » de la filière Cannes-Torcy. Cette association de malfaiteurs est définie, argumente l’avocat général, par sa dangerosité, sa détermination et la logistique employée. Oui, la tentation est forte, dans un contexte particulier, au cours d’un procès particulier, d’adresser un message appuyé.

Les peines formulées par le ministère public sont de cette nature. La réclusion criminelle à perpétuité (avec 22 ans de période de sûreté) a été requise à l’encontre de Jérémie Bailly, soupçonné d’avoir lancé la grenade dans l’épicerie casher de Sarcelles. Kevin Phan, le conducteur du convoi terroriste, risque 25 ans d’emprisonnement (période de sûreté des deux tiers). Contre Abdelkader Tliba, Jamel Bouteraa, Ibrahim Boudina, Rached Riahi et Yassine Chebil, partis en Syrie, ont été requis respectivement 16, 18 et 20 ans d’emprisonnement. La semaine prochaine sera consacrée aux plaidoiries de la défense. Le verdict est attendu le 22 juin.

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