Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Procès Merah: « Grande frustration » pour les familles des victimes

La grande salle de la Cour d'assises de Paris où se tient le procès Merah. (Crédit: Alexandre Sarkissian).

Cinq ans et demi après les tueries de Toulouse et Montauban, le procès s’ouvre avec deux accusés dont l’un des frères aînés de l’auteur des faits. Abdelkader M. Il encourt la réclusion à perpétuité.

C’était avant Charlie. C’était aussi horrible. Abominable. Le choc  provoqué par les tueries de Toulouse et Montauban intervient un peu moins de trois ans avant l’assassinat des membres du journal satirique. Cinq ans et demi après les faits, le procès va se tenir à partir du 2 octobre à Paris, sans son principal accusé, mort le 22 mars 2012 au cours de l’intervention du RAID. « Ce procès est très important car on parle de faits qui ont marqué la France, souligne Maître Dubreuil, avocate d’une des sept victimes du terroriste. « Il y a une très grande frustration. L’auteur principal a été tué.» La cour d’assises spéciale jugera deux accusés dans cette même salle du TGI où, d’avril à juin dernier, s’est tenu le procès dit de la filière terroriste Cannes-Torcy.

Au cour de ces audiences, Mohammed Merah n’était pas loin, considéré comme un héros, une icône, par certains des 17 accusés présents Un de ses frères aînés, Abdelkader (défendu par Eric Dupont Moretti), et Fettah Malki, qui a fourni une arme et un gilet pare-balles, devront répondre notamment de « complicité d’assassinat », «acquisition, détention et cession illicite d’armes » et « transport sans motif légitime d’armes », dans le cadre d’une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme. Ils encourent respectivement la réclusion criminelle à perpétuité et 20 ans de prison.

Dupont-Moretti annonce des surprises

« D’autres complices auraient dû être là, comme sa soeur Souad (*), certainement pas étrangère à la radicalisation de son frère », estime Me Dubreuil. La représentante de la famille d’un des militaires abattus le 15 mars 2012 juge suffisants les éléments à charge retenus contre Abdelkader Merah, la grande influence sur son frère et sa réelle participation à la préparation des attentats, lui qui était considéré avec sa soeur comme proche de la mouvance islamiste radicale toulousaine des frères Clain.

«Il n’y a rien dans le dossier, ou très peu de choses, déclarait Me Dupont-Moretti en février dernier sur RMC. On l’a renvoyé aux assises par défaut et il n’y a pas d’éléments pour le condamner… Et on verra le moment venu que cette affaire réserve des surprises.» L’avocat d’Abdelkader Merah rappelle que son client se trouvait dans le véhicule lorsque son frère a volé le scooter qui a servi aux attentats. Et Dupont-Moretti de soutenir que rien ne permet d’affirmer qu’il connaissait les intentions meurtrières de son cadet. Ce sera un des principaux enjeux des audiences dont le début est programmé lundi à 10 heures.

* Elle aurait quitté la France en mai 2014 pour la Syrie, avant un retour en Algérie.

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