Au deuxième jour du procès, la cour s’est intéressée aux parcours de Fettah Malki et Abdelkader Merah, les présumés complices des tueries de Toulouse et Montauban, présents dans le box des accusés.
48 absences enregistrées entre novembre 2001 et janvier 2002, toutes en demi-journée. Fettah Malki ne vouait pas une passion démesurée pour les études et les salles du lycée qu’il «fréquentait» à Toulouse. Elève moyen jusqu’en 4e, ses résultats connaissent une chute vertigineuse à partir de la 3e, raconte le président de la cour d’assises spécialement composée, au début d’un procès visant les complices présumés de Mohammed Merah. Malki, 29 ans au moment des faits, bascule après ce décrochage scolaire vers l’argent facile et la délinquance. Dans le quartier, celui qui a rejoint sa mère en France en 1993 est connu pour vendre et acheter à peu près tout: stupéfiants, bijoux, voitures… Il passe au commerce des armes car ça rapporte de l’argent, explique-t-il au président Zientara. En 2012 il fournit à Merah un pistolet mitrailleur ayant servi aux meurtres perpétrés dans l’école juive.
Au chapitre sentimental, on apprend que Malki n’a pas reconnu son premier enfant, une fille née en novembre 2002. Il s’est montré violent avec sa mère, 10 ans plus âgée que lui. En témoignent deux incarcérations. En mars 2013, une autre compagne lui offre la paternité. Il s’efface à nouveau. Il échoue par ailleurs dans sa tentative d’intégrer la Légion étrangère à Aubagne. « Pourquoi une carrière dans l’armée ? », l’interroge le président. « Je partais en vrille. Je voulais un avenir. » Il n’en a plus beaucoup aujourd’hui. Interpellé en mai 2013, il encourt 20 ans d’emprisonnement. Son voisin de box, Abdelkader Merah, risque la perpétuité. Au dessus de la tête de cet imposant trentenaire, tout vêtu de blanc et arborant une barbe « collier » et catogan fourni tombant sur le cou, sont suspendus 12 chefs d’inculpations dont sept pour complicité d’assassinat.
Il se marie au téléphone
Si Malki pouvait être surnommé « le commercial », le frère aîné de Mohammed se faisait appeler « Jack », selon un témoin, pour sa propension à consommer le fameux bourbon. Une image éloignée de celle de l’adorateur d’Allah. Mais c’était avant sa conversion. Après 2006, il a tout arrêté, cannabis compris. Il se marie religieusement » au téléphone », parce que sa copine ne « pouvait pas sortir de chez ses parents ». Le président lui rappelle que devant la loi française, ils ne sont pas mariés. « Mais aux yeux de mon créateur oui », rétorque Merah qui fait également remarquer la fin de ses ennuis avec la justice à partir du moment où il se tourne franchement vers la religion. Les coups de couteau donnés à son frère aîné Abdelghani ont laissé de toute façon des traces. La victime les explique par le fait que sa compagne est d’origine juive. Une version contestée par Abdelkader, comme les violences supposées envers sa mère et ses soeurs.
On lui demande s’il écoute de la musique, il répond par la négative. C’est un « appel à la perversité ». Pour fuir « la ville et ses péchés », il s’installe avec sa compagne dans une petite commune à son retour d’Egypte. « La conversion a changé ma vie ». On le croit sur parole.
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