Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Malki: Pas su, pas pris ?

(Crédit: Alexandre Sarkissian)

Il l’assure. Fettah Malki ne se doutait pas des intentions meurtrières de Mohammed Merah quand il lui a fourni un pistolet-mitrailleur et un gilet pare-balles. Vraiment ?

« C’est un peu un enfoiré d’avoir fait ça ». Dans une salle toujours bien remplie au 16e jour d’audience, Fettah Malki répond avec ses mots quand le président le sonde sur les tueries perpétrées par Mohammed Merah en mars 2012. Celui qui est accusé de participation en vue d’actes de terrorisme répète se désintéresser totalement de la pratique de la religion, de l’enseignement ou de quoi que ce soit en rapport avec l’idéologie  meurtrière prônée par le tueur. Malki avait rencontré Merah pour la première fois au début des années 2000, indique-t-il à la barre avec un objectif prioritaire: minimiser son éventuelle connaissance des futurs agissements du frère d’Abdelkader, son voisin dans le box du TGI de Paris.

Attentif aux consignes lancées par ses deux avocats, Fettah Malki prend également le soin de ne pas oublier les « Monsieur le président » quand il s’adresse à Franck Zientara. Ce dernier et l’avocate générale ne sont pas convaincus quand l’homme de 35 ans explique n’avoir jamais deviné l’extrême dangerosité des intentions de Merah. Fettah Malki appartient pourtant au décor des Izards. Il vend, achète. Tout. Ou presque. Dans ce quartier de Toulouse, on savait que Mohammed Merah était un extrême religieux, adepte du djihad. Pas Fettah Malki. « A l’époque, je ne connaissais même pas le mot radicalisation. La taqiya, je l’ai appris à l’occasion du procès », assure le père de deux enfants.

« Vous êtes le champion des versions contradictoires »

L’accusation s’agace un peu. Elle cite des témoignages de relations du témoin déclarant ne pas ignorer l’état d’esprit de Merah, les vidéos de propagande qu’il montrait sans se cacher. Mais pas à Fettah Malki: « Monsieur le président, je suis un délinquant, je m’en fous de la religion. Quand les gens discutent je ne les écoute pas. Je me ronge les ongles, je m’en fous de ce qu’il raconte. J’ai le cerveau ailleurs.» « Vous êtes le champion des versions contradictoires, Monsieur Malki », attaque Me Korchia, représentant la famille Sadler. « Si j’ai menti au début de mes auditions, c’est que j’avais peur. Avec tous ces morts, ces enfants», tente Malki.

Dans cet océan de contradictions et propos incohérents, Fettah Malki peine à surnager mais il n’a pas changé d’histoire concernant le soutien matériel apporté à Merah: « J’ai reconnu lui avoir vendu le gilet pare-balles (acheté à deux jeunes du quartier) mais pas l’arme (pistolet mitrailleur Uzi ayant servi dans la tueries de l’école Ozar Hatorah). Je l’ai donnée à Mohammed pour qu’il la nettoie et il ne me l’a pas rendue ». Il encourt 20 ans d’emprisonnement.

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