Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Jawad Bendaoud, un agité dans le bocal

(Crédit: Alexandre Sarkissian)

L’audition de Jawad Bendaoud va se poursuivre vendredi après-midi à l’occasion du troisième jour du procès. Le « logeur du 13 novembre » avait livré la veille une prestation digne de celle d’un one-man-show.

S’il n’avait pas un casier judiciaire aussi volumineux, Jawad Bendaoud aurait une sérieuse chance de remplir les salles de spectacle. Son numéro de stand-up, jeudi après-midi au deuxième jour du procès, a fait marrer l’assistance. Portant un haut de survêtement rouge estampillé PSG, lunettes carrées et catogan, le « logeur du 13 novembre » a démontré sa capacité à prendre d’innombrables détours quand la présidente lui posait une question, au point qu’on ne se souvenait plus ce que lui avait demandé Isabelle Prévost-Deprez…

Ce moulin à paroles a gesticulé, mimé ses gardes à vue avec les policiers, invectivé l’assistance et s’est même pris la tête avec le gendarme derrière lui dans le box, pour tenter d’expliquer qu’il n’avait pas eu connaissance de la gravité des faits au moment où il a accepté d’héberger les deux terroristes. « J’apprends l’identité d’Abaaoud en garde à vue, puis en prison. Le 13 novembre, je regarde vite fait le JT avec mon père et je pense que ce sont des Pakistanais qui ont fait le coup. En fait, je suis ailleurs, je ne regarde pas vraiment », débite Jawad Benadoud.

«C’est une grande gueule, je crois qu’on l’a vu aujourd’hui» 

Il affirme apprendre l’existence de la salle du Bataclan que le 24 novembre 2015: « Je ne savais pas ce qui s’était passé ». Jawad Bendaoud jure également sur la tête de son fils (à plusieurs reprises lors de son audition à la barre) qu’Hasna Aït-Boulahcen ne lui pas révélé l’identité de son cousin Abdelhamid Abaaoud. Il concède seulement qu’il savait le lundi 16 novembre que deux hommes seraient logés chez lui, rue du Corbillon à Saint-Denis.

« Il y a des signes que je n’ai peut-être pas bien interprétés, oui, j’ai été con sur certains trucs », avoue-t-il ensuite. Avant de se montrer plutôt irrespectueux quand la présidente le rappelle à l’ordre: « C’est moi qui pose les questions au cas où vous ne l’auriez pas remarqué » « Eh madame ? Vous faites ce que vous voulez, vous ne m’impressionnez pas ! » Son avocat Maître Nogueras a eu parfois du mal à maîtriser les ardeurs de son client, plutôt agité dans le bocal.

« Jawad Bendaoud est quelqu’un de très exubérant. On dit que c’est une grande gueule, je crois qu’on l’a vu aujourd’hui », a réagi après l’audience Claire Josserand-Schmidt, avocate des parties civiles. C’est un flux ininterrompu de paroles et il donne l’impression de s’exprimer avec une forme de sincérité, et je ne crains pas de le dire. Mais il demeure tout de même des zones d’ombre et des incohérences.» Ce sera l’objet vendredi après-midi des questions des parties civiles. Le prévenu sera interrogé sur ses traces ADN retrouvées mêlées à celles des deux terroristes logés sur une partie d’un ruban adhésif ayant servi à la confection de ceintures explosives.

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