Histoires de stades et de tribunaux

Justice

Toscan du Plantier : un procès sans accusé

(Crédit: Alexandre Sarkissian)

Ian Bailey, le suspect présumé du meurtre de Sophie Toscan Du Plantier, l’épouse du célèbre producteur français il y a plus de 22 ans, va être jugé par « défaut criminel » à partir du 27 mai par la cour d’assises de Paris. Ce journaliste britannique de 62 ans ne sera pas présent dans la salle d’audience, faute d’accord d’extradition. Il s’agit d’un des volets de ce long processus judiciaire.

Rappel des faits

Sophie Bouniol, épouse Toscan Du Plantier, est retrouvée sans vie le 23 décembre 1996, à proximité de sa maison à Schull, près de West Cork en Irlande. Elle aurait été frappée violemment à la tête, à coup de parpaing. Elle avait 39 ans. Elle était la femme à l’époque du producteur français Daniel Toscan du Plantier, décédé en février 2003 en plein Festival du film de Berlin.

Ian Bailey, aujourd’hui âgé de 62 ans, est le suspect principal. Si lors de ses premières déclarations, le journaliste avait indiqué avoir passé la soirée dans un pub, puis la nuit avec sa compagne, Jules Thomas, artiste peintre, cette dernière finira par avouer qu’il était sorti lors de cette tragique nuit. 

Version confirmée finalement par Bailey. Vers 4 heures du matin, il aurait quitté le nid des amoureux pour une chaumière située tout près, un endroit où il allait pour travailler. Cette nuit là, il s’y serait rendu pour écrire un article urgent…

Dans le livre de Julien Cros et Jean-Antoine Bloc, « L’affaire Sophie Toscan du Plantier », on apprend également qu’une jeune femme, Fiona, a dit aux enquêteurs avoir vu Ian Bailey titubant sur la route, vêtu de son long pardessus noir, à moins de 3 km de la résidence de Sophie Toscan du Plantier. Il avait l’habitude, disait-on, de se balader la nuit dans la lande…

Les nombreux médias qui se se sont intéressés à l’affaire évoquent également des aveux que Ian Bailey auraient fait dans un état alcoolisé, confessant qu’il était l’auteur du meurtre. Les griffures que porte son visage au lendemain des faits, alors qu’il n’en avait pas la veille, ont pu renforcer les soupçons autour de celui qui effectuait à l’époque des travaux de jardinage, notamment chez une voisine de Sophie Toscan du Plantier.

Ian Bailey avait été arrêté en 1997 et 1998 par la police irlandaise, placé en garde à vue puis relâché faute de preuves suffisantes. En mai 2018, la cour de cassation a confirmé la décision de la cour d’appel de Paris (de juillet 2016) qui avait jugé en revanche qu’il y avait suffisamment de charges pour le renvoyer devant la cour d’assises de Paris.

22 ans de procédure

Les pièces du dossier arrivent dans les mains des enquêteurs français en décembre 2008, soit douze ans après le meurtre, le fruit de plusieurs commissions rogatoires internationales.

Février 2010 : premier mandat d’arrêt, exécution rejetée par la Cour suprême d’Irlande. Cette dernière ne suivait pas la Haute cour de Dublin qui avait décidé la remise de Ian Bailey aux autorités françaises.

Novembre 2011 : Ian Bailey refuse de répondre aux questions du juge d’instruction français

Juillet 2016 : mise en accusation de Ian Bailey, un mois avant un nouveau mandat d’arrêt.

Juillet 2017 : deuxième rejet de la part de l’Irlande d’extrader le natif de Manchester.

Ia Bailey a ensuite contesté sa mise en accusation (appel et cassation) qui ont à chaque fois suivi le renvoi devant la cour d’assises. A partir du 27 mai, et pour quatre jours, il sera jugé selon la procédure dite du « défaut criminel » qui remplace la contumace depuis mars 2004.

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