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Justice

Toscan du Plantier : 30 ans de réclusion criminelle contre Ian Bailey

Cour d'assises de Paris, le 31 mai 2019 - Pierre-Louis Baudey-Vignaud, le fils de Sophie Toscan du Plantier. (Crédit Alexandre Sarkissian).

Ce vendredi, au dernier jour du procès par défaut de Ian Bailey, il a été requis 30 ans de réclusion criminelle contre l’ancien journaliste soupçonné du meurtre de Sophie Toscan Du Plantier le 23 décembre 1996.

Voici le réquisitoire via le live-tweet réalisé ce vendredi 31 mai 2019.

Retour à la salle Victor Hugo de la Cour d’assises de Paris pour le dernier jour du procès par défaut de Ian Bailey. On attend le réquisitoire du premier avocat général, Jean-Pierre Bonthoux.

Soupçonné du meurtre de Sophie Bouniol, épouse Toscan du Plantier, le 23 décembre 1996 à Schull dans le Comté de Cork en Irlande, Ian Bailey encourt trente ans de réclusion criminelle. « Il ne faut pas réduire son nom et son prénom à une affaire. Je vous demanderai de rendre la justice en honneur à sa mémoire. »

« Je voudrais m’adresser à Ian Bailey. Il n’est tellement pas là qu’on a l’impression qu’il est tout le temps là. Il se répand à travers les médias, via son avocat, son ancien avocat. » L’AG parle du manque du courage de l’accusé, sa couardise.

Je ne lui reproche pas d’être un journaliste raté, je ne lui reproche pas d’être un jardinier raté.

L’Avocat général

Il ne s’agit pas de stigmatiser un autre système judiciaire que le notre, prévient l’AG mais il souligne des ralentissements qui ont empêché que les choses se passent. « M. Bailey se moque de nous, et je pèse mes mots. » Il fait référence au fait que l’accusé a dit ne pas connaître la date de son procès alors qu’il a reçu, assure l’AG, sa convocation depuis un mois. « Je ne lui reproche pas d’être un journaliste raté, je ne lui reproche pas d’être un jardinier raté. »

Il énumère les variations des témoignages de Ian Bailey, qu’il sous-entend être des mensonges. Il évoque les intimidations et les menaces à l’encontre de Marie Farrel, celle qui l’a reconnu, après coup, le 23 décembre 1996 à 3h, sur le pont de Kealfadda. Parmi les regrets, teintés de reproches, formulés par l’AG à l’encontre des méthodes de la police irlandaise à l’époque, il y a les photos, ou plutôt l’absence de photos…

Il n’y a pas de clichés des mains et des avant-bras de Ian Bailey, indique l’avocat général. Les enquêteurs irlandais ont réalisé des croquis… « A Cork, il n’y avait pas eu de crime depuis 1922. Ces gens sont  démunis, procèdent à des constatations sommaires. »

On en vient aux conditions du meurtre. L’AG reconstitue l’agression qui a commencé devant une des portes de la maison. La victime tente de fuir mais rattrapée par le meurtrier en bas du chemin. « C’est un prédateur sexuel, sa littérature en atteste. »

L’AG souligne encore la violence de l’accusé, notamment auprès de sa compagne, Jules Thomas. « Mme Toscan du Plantier a dû vivre la terreur durant deux, trois minutes… Je demande le maximum de la peine prévue, c’est à dire 30 ans de réclusion criminelle. »

L’Avocat général demande des réquisitions complémentaires, comme celle de prononcer un nouveau mandat d’arrêt, avec un support d’une toute autre nature que celle des précédents

AG : « J’espère voir M. Bailey un jour devant cette Cour, avec ses avocats dans un procès, dans un débat totalement contradictoire. » Fin du réquisitoire. L’audience est suspendue. La Cour part en délibération.

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