Avant la première interruption ce lundi 2 mars 2020, il fut souvent question de géographie au cours du quatrième jour du procès des époux Fillon et de Marc Joulaud. On a évidemment parlé de la région sarthoise, si chère à l’ancien Premier ministre. A-t-on vraiment avancé dans les débats ?
On ne résumera pas la quatrième journée d’audience à une leçon de géographie de la Sarthe. Mais on a cité nombre de communes de la région à laquelle est attaché François Fillon. En essayant de démontrer que l’on ne voyait pas trop, très rarement, voire pas du tout son épouse à l’occasion de manifestations locales, le Ministère public ne s’est pas montré déstabilisant pour celui qui n’a pas eu besoin de ses avocats, la plupart du temps, pour tenir tête aux représentants du Parquet national financier (PNF). Ce fut l’occasion d’assister à quelques prises de bec restées dans les limites de la courtoisie, en apparence en tout cas. « Soit je n’ai pas été assez clair, soit vous avez du mal à comprendre », a notamment lancé François Fillon a l’un des deux procureurs de la République.
Le public avait de quoi reprendre, avec cette petite montée en tension, un peu de vigueur au milieu de débats nourris par l’énumération de témoignages plus ou moins en faveur des prévenus. On a entendu les déclarations faites devant les enquêteurs par différents préfets de la Sarthe ou par certains enfants du couple Fillon. Ces derniers reconnaissent le travail effectué par leur mère auprès de l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy. « Je savais qu’elle travaillait comme assistante parlementaire », a indiqué Charles Fillon. Madame Blin a occupé ces fonctions entre 1997 et 2002. Elle est passé dans cette période à un statut à mi-temps, du fait des tâches attribuées à Penelope Fillon.
« Elle n’a pas eu de baisse de rémunération, tient à préciser François Fillon au sujet de Madame Blin. L’essentiel de son travail l’était pour la Fédération du RPR locale. Il était alors normal que la Fédération prenne en charge une partie de son salaire. C’était une régularisation. Si on peut me reprocher quelque chose, c’est de l’avoir rémunérée avec l’enveloppe parlementaire. » Patrick Stéfanini, interrogé au cours de l’enquête, a estimé lui que le couple Fillon avait été victime de ce système permettant aux parlementaires d’avoir employé leur conjoint (e). L’ancien directeur de campagne de Jacques Chirac à l’élection présidentielle 1995 puis de François Fillon, a déclaré que ce système procurait de la suspicion.
L’ancien député de la 4e circonscription de la Sarthe en profite à la barre pour « conseiller » la présidente : « Pendant 50 ans, beaucoup de parlementaires, du Sénat et de l’Assemblée, ont travaillé avec leurs conjoints. Vous ne pouvez pas juger sans prendre en compte cet environnement. » Mercredi, la cour tentera d’en savoir plus, après s’être familiarisée aujourd’hui avec La Flèche, Fougeré, Moncé-en-Belin et autres communes sarthoises, sur la réalité du travail de Penelope Fillon avec l’audition de Marc Joulaud, troisième prévenu dans ce dossier.
Maire de Sablé-sur-Sarthe depuis 2008, il brigue ce mois-ci un troisième mandat. Il était aussi le suppléant du député François Fillon et il est soupçonné d’avoir employé Penelope Fillon comme assistante parlementaire. Ce qui lui vaut d’être jugé au Tribunal correctionnel de Paris pour détournement de fonds public.
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