La fin de la deuxième journée du procès du djihadiste français a été marquée par la présentation de plusieurs vidéos tournées lors du conflit en zone irako-syrienne. Tyler Vilus est identifié dans plusieurs d’entre elles mais il nie toute implication majeure au sein de l’EI.
Il est 20 heures quand le président demande à la greffière de lancer les vidéos. Le public de la salle Vedel resté ce vendredi soir à la fin de la deuxième journée du procès de Tyler Vilus sait que les images qui vont suivre ne sont pas à mettre devant n’importe qui. L’exécution publique, d’une balle dans la tête, de deux prisonniers de l’Etat Islamique nous plonge une nouvelle fois dans l’horreur.
#Vilus "Comme vous vous présentez en visioconférence, il est dommage que vous ne puissiez pas commenter des photos", regrette le président en s’adressant au témoin alors que l’enquêtrice décrivait la vidéo de l'exécution de deux personnes dans laquelle on voit l’accusé.
— Alexandre Sarkissian (@Alex_Sarkissian) June 26, 2020
L’insoutenable scène a été diffusée en mai 2015 et se déroule à Al-Shaddadi, à l’est de la Syrie. Tyler Vilus ne nie pas sa présence sur place. Il affirme simplement à l’audience qu’il s’était trouvé là par hasard, à la sortie de la mosquée. Il est pourtant muni d’un walkie-talkie, d’un pistolet automatique et porte un treillis militaire, à proximité des deux bourreaux, précise une enquêtrice de la DGSI entendue ce 26 juin par la Cour. La version de Vilus se fissure un peu plus quand le témoin indique que l’accusé « donne le top départ. C’est quand même assez parlant », répond-elle à l’avocat de Vilus.
Claquettes-chaussettes ?
Maître Louis-Romain Riché ne se démonte pas. « Mon client portait des claquettes ce jour-là, ce n’est pas vraiment une tenue en adéquation pour ce genre d’action. » « Cela ne veut rien dire », coupe l’enquêtrice. La Cour reviendra plus longuement sur ce fait majeur la semaine prochaine notamment lors de l’audition de Tyler Vilus. Les autres vidéos sont sans équivoque. Des dizaines de cadavres victimes de l’Etat Islamique font la joie de djihadistes belges. « Ils combattaient pour la laïcité, pour la démocratie » commente l’un d’eux. Devant un homme décapité : « Qu’est-ce qu’il y a de plus moche que de mourir pour une autre cause que celle d’Allah. »
#Vilus : « Quand on organise une exécution, on le fait quand les gens sortent de la mosquée, de manière de maintenir une pression psychologique constante. »
— Matthieu Suc (@MatthieuSuc) June 26, 2020
À ces deux occasions, sans s’en rendre compte, Tyler Vilus se place du côté du bourreau.
Abdelhamid Abaaoud est aussi sur l’écran, au volant d’un pick-up. Des images horriblement célèbres sur lesquelles le présumé cerveau des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis transporte à l’arrière du véhicule des cadavres entassés, direction un charnier au milieu d’un champ. Abaaoud est identifié par ailleurs au milieu de huit hommes lors d’une prière collective. Un neuvième se trouve en première ligne et guide le groupe. Il s’agit de Tyler Vilus, selon l’accusation. « Ce n’est pas moi », assure-t-il. Reprise de l’audience lundi matin.