Interpellé en Turquie au début de l’été 2015, Tyler Vilus rentrait en Europe pour perpétrer une attaque. C’est la conviction du renseignement français, réaffirmée lors du procès du trentenaire qui se tient jusqu’au 3 juillet.
Aéroport Atatürk d’Istanbul, 2 juillet 2015. Le douanier tique sur la photo du passeport suédois . Elle ne colle pas vraiment avec l’individu en face de lui. Tyler Vilus commence à se démasquer devant autorités turques en avouant sa méconnaissance totale de la langue scandinave. C’est ce qu’il a raconté au renseignement français, a indiqué vendredi un des membres de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), au deuxième jour du procès du djihadiste français.
Abou Hafsa, son nom de guerre au sein de l’Etat Islamique, se trouve à la porte d’embarquement en possession d’un billet pour Prague. Le temps de vérifier son identité, Tyler Vilus envoie un SMS et un MMS. Il est un peu plus d’11h 38. Le destinataire est Abdelhamid Abaaoud. Le témoin de la DGSI est formel devant les questions du président de la Cour. « Ils m’ont trouvé dans le fichier d’Interpol… je supprime ton numéro… ils ne vont pas me garder longtemps, quand je sors, j’agis… », écrit notamment l’accusé au coordinateur présumé des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et au Stade de France.
Les résultats de l’exploitation du téléphone portable trouvé le 2 juillet sur Tyler Vilus semble accréditer la thèse d’une volonté de passer à l’acte. Le 30 juin, connecté au wifi d’un hôtel d’Istanbul, on peut lire sur un texto : « Je veux mourir pour Allah, que mes femmes me pardonnent, mes frères aussi… j’espère arriver à destination… me rapprocher de l’étape suivante… » Il y a aussi cet échange avec le journaliste de RFI, David Thomson, joint le même jour : « On sait jamais que je tue des gens à Paris, tu voudrais que je t’appelle… »
Tyler Vilus a toujours nié vouloir partir à Prague mais plutôt rejoindre la Mauritanie, y vivre tranquillement sa foi. Il aurait changé de regard sur l’EI depuis l’instauration du califat, raconte-t-il aux enquêteurs. « Il dit qu’il a voulu déserter, nous ne le croyons pas car en tant que policier de l’EI, sa famille aurait été torturée, voire exécutée », estime un des témoins du renseignement à l’audience.
Que nous apprendra Christine Rivière lundi ? L’audition de la mère de l’accusé est attendue en fin de journée. Convertie par son fils, elle lui a rendu visite à trois reprises en Syrie. Surnommée… « Mamie djihad », elle a été condamnée en octobre 2017 (confirmé en appel en 2018) à 10 ans d’emprisonnement pour « association de malfaiteurs à visée terroriste et financement du terrorisme ».