Jeudi ont commencé les auditions des accusés qualifiés par certains médias de « seconds couteaux » par rapport aux assassins de janvier 2015 . Michel Catino, le « vétéran », est soupçonné d’avoir participé à la fourniture d’armes de guerre aux frères Kouachi et à Coulibaly. Un rôle que l’on peut difficilement qualifier de mineur.
Son haut de survêtement du Barça, arboré mercredi, ne collait pas vraiment avec le look du personnage. A bientôt 68 ans (il les aura le 15 septembre), Michel Catino est le plus âgé des 10 accusés présents dans les boxes de la salle 2.02. du Palais de justice de Paris. Jeudi, au deuxième jour du procès des attentats de janvier 2015 commis à Montrouge et dans la capitale, ce Belge au profil légèrement rondouillard est apparu plus en accord avec un statut de vétéran, son gilet gris clair surmontant une chemise à carreaux.
Le natif de Forchies-la-Marche (près de Charleroi) pourrait sortir d’un polar français des années 1970/80 avec ses faux airs de Christian Barbier. En voyant ce bon père de famille s’exprimer calmement devant le président de la cour d’assises spécialement composée, on ne l’imagine pas traînant un casier rempli de 16 condamnations allant de délits liés aux voitures (défaut d’assurance, d’immatriculation) à un vol de lave-vaisselle en 2015… Michel Catino avoue dans un second temps un séjour en prison en Allemagne pour trafic de stupéfiants, « de l’herbe avec des Hollandais » précise-il devant les questions d’un des quatre assesseurs entourant le président Régis De Jorna.
En 1985, il est condamné pour vol avec violence et armes et se retrouve aujourd’hui pour participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle. Comment ce « papi » s’est-il retrouvé dans cette affaire ? Les mauvaises fréquentations ? Peut-être à cause de celle qui l’entretient avec Metin Karasular, un copain de plus de 30 ans, lui aussi originaire de Charleroi. L’accusation place les deux amis parmi les personnes chargées de rechercher et de fournir les armes utilisées par les terroristes entre le 7 et le 9 janvier 2015.
Il confesse par ailleurs, et avec un sourire, une forte addiction au jeu, objet de la fermeture par la police belge de son café pour parties de cartes clandestines en 1987. « Chez nous en Belgique, c’était toléré, mais on me l’a interdit… », a-t-il tenté de se justifier à la barre.
Michel Catino avait reconnu devant les enquêteurs durant l’instruction avoir gardé deux armes à son domicile, aux alentours de fin novembre 2014, sans en connaître la provenance, dit-il. Il a également transporté de la drogue pour le compte d’Abdelaziz Abbad, voisin de box dans ce dossier.
Le sexagénaire a indiqué avoir croisé la route d’Amedy Coulibaly à une seule reprise, dans un garage de Charleroi, quand le tueur de l’Hyper Cacher était venu réclamer l’argent de la vente de la mini-cooper achetée par sa compagne Hayat Boumeddiene. Le garage appartenait à son plus jeune fils Gweneway, venu à la barre jeudi dans l’après-midi de cette deuxième journée.
« C’est quelqu’un de très bien, de très gentil, il a toujours été là pour moi… il a assumé son rôle de père », a déclaré le jeune homme de 31 ans, confirmant sa passion dévorante pour le jeu. Celui plus dangereux d’association de malfaiteurs terroriste criminelle peut lui coûter une condamnation de 20 ans.