Les débats ont été suspendus jeudi en début d’après-midi à cause de l’état de santé d’un accusé, laissant craindre une possible contamination au Covid-19, avec les conséquences que cela peut engendrer. Si le président de la cour d’assises spécialement composée a donné rendez-vous vendredi matin pour la reprise du procès, il n’est donc pas exclu qu’un nombre important de tests médicaux retarde à moyen terme l’audience.
La menace coronavirus plane au-dessus de la salle d’audience 2.02 du tribunal de Paris. Au 17e jour du procès des attentats de janvier 2015, un des accusés présents dans le box a été victime d’un malaise dans la matinée alors qu’était projetée une vidéo de propagande d’Al Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA). Il s’agissait de la revendication de l’attaque de Charlie Hebdo, étayant l’audition d’un responsable de la DGSI en charge du terrorisme islamique.
Mickaël Nezar Pastor Alwatik, puisqu’il s’agit de lui, était arrivé ce jeudi matin pris de maux de tête conjugués à un état fièvreux, selon les déclarations de son avocate. Marie Dosé s’étonnait, lors de la première suspension d’audience, de constater que son client, comme les autres détenus, n’avait pas été testé au Covid-19 avant le procès. Mickaël Nezar Pastor Alwatik retournait sur le lieu de sa détention (Fleury-Mérogis) afin d’être examiné par un médecin.
A la reprise, peu après 13 heures, et sans Pastor Alwatik, Régis de Jorna confirmait ce qui avait commencé à filtrer une demi-heure auparavant. Le président de la Cour suspendait l’audience jusqu’à ce vendredi 9h30. Suffisant pour tester les personnes en contact avec l’accusé et susceptibles d’avoir été contaminées ? On peut en douter…
Le protocole sanitaire prévoit de prendre en compte ses voisins proches dans le box, co-détenus et gendarmes, auxquels il convient d’ajouter leurs avocats et contacts supposés (journalistes, magistrats, collègues, parties civiles…). Cela fait du monde.
Autre hypothèse : l’état de santé de l’accusé n’a rien à voir avec le coronavirus. Une gastro ? (on l’a vu vomir dans le box). Il se soigne et quand son état le permet, le procès reprend. « J’espère que toutes les mesures seront prises, réagissait Maître Maktouf, avocate de parties civiles, et que les résultats seront connus dans les plus brefs délais. »
Cette « parenthèse sanitaire », observée lors du procès Mediator en mars dernier, indique sa collègue de Montpellier Catherine Szwarc, devrait être l’occasion pour la défense de demander la mise en liberté de ses clients en cas d’ajournement prolongé. La plupart des accusés se trouvent en détention provisoire depuis 5 ans ou plus, au-delà de la limite prévue par la loi dans ce dossier.