Au neuvième jour du procès du 13 novembre 2015, un responsable de la PJ de Versailles a raconté le travail de son service à la terrasse de La Belle Equipe.
« Il y a un silence, ça contraste avec la violence des faits, c’est un peu déroutant. » « RIO 1039672 » essaye de se concentrer sur la mission confiée, malgré la scène qu’il découvre avec ses collègues. Minuit, le 14 novembre 2015, le directeur de la brigade criminelle de la Police judiciaire de Versailles va commencer les constatations à La Belle Equipe, restaurant du XIe arrondissement.
Ce travail, explique ce quadragénaire lundi à la barre de la cour d’assises de Paris, comprend deux objectifs : descriptif et technique. Le premier va dénombrer 21 personnes assassinées, touchées à plusieurs endroits : « C’est un lieu mitraillé par des kalachnikov. » 32 impacts sur la vitrine, 30 à l’intérieur de la brasserie et 164 étuis au total sont recensés.
L’attaque menée par trois terroristes (Abdelhamid Abaaoud, Brahim Abdeslam et Chakib Akrouh) va durer entre une et deux minutes, selon l’anonymisé « RIO 1039672 », « on est plus proche des deux minutes que des trente secondes. » Et que répondre à cet avocat de parties civiles, contraint de passer par ces moments douloureux d’une audience ?
« Je sais que ce que je vous demande n’est pas facile, vous poser ces questions l’est tout autant », compatit l’homme en robe noire. Anne-Laure a-t-elle été tuée sur le coup ? « Probablement », lâche le témoin, dans l’impossibilité d’apaiser pleinement les clients de son interlocuteur.
Pourquoi La Belle Equipe, dernière terrasse prise pour cible à partir de 21h36 ? Le véhicule des tueurs était passé devant une première fois, juste avant le massacre. Il n’y avait pas eu de repérage préalable. C’était un choix d’opportunité, juge le témoin, motivé par une terrasse pleine. Il y avait une soixantaine de personnes ce soir-là.
Le responsable de la PJ de Versailles, dont le service était intervenu sur la scène des attentats dans les locaux de Charlie-Hebdo quelques mois plus tôt, n’oublie pas la cour située à l’arrière de l’établissement. Transformée en abri, elle a sauvé des vies.
A 21h41, B. Abdeslam était déposé au Comptoir Voltaire. L’explosion de sa ceinture défectueuse a blessé de nombreuses personnes. Plus d’une centaine d’écrous ont été retrouvés. Pas de mort à déplorer. Un miracle ?