A la veille du réquisitoire, les plaidoiries des parties civiles ont continué lundi à soutenir avec force la thèse de la culpabilité d’Abdelkader Merah. Pour elles, l’accusé n’a cessé d’user du mensonge, « des inepties au kilomètre », pour se dédouaner d’une éventuelle complicité directe dans les attentats de mars 2012 à Montauban et Toulouse.
Ce n’est pas une salle de stand-up. Ce n’est pas le lieu où l’on vient se détendre. Quelques petits rires au premier rang du banc des familles des victimes se sont quand même échappés durant la plaidoirie de Philippe Soussi. L’avocat de Brian Bijaoui, rescapé des attentats perpétrés à l’école Ozar Hatorah le 19 mars 2012, a comparé Abdelkader Merah à un « Tanguy ». « On l’appelait Ben Ben dans le quartier », référence à Oussama Ben Laden, « C’était l’adolescence, nous dit-il. Il avait 24 ans ! » « On est chez les fous ! », répète l’homme en robe noire qui voit la défense de l’accusé, « où tout est hallucinant, où tout est faux », plongée dans un océan de mensonges, au milieu d’« inepties au kilomètre. »
Ce lundi 15 avril, les avocats des parties civiles ont appuyé leurs convictions devant la Cour. « Les preuves de la culpabilité d’Abdelkader Merah sont accablantes », assure Me Soussi. « Ils sont inséparables, ils sont indissociables », avait martelé avant lui Me Patrick Klugman au sujet des deux frères. Il a rappelé les rencontres entre Mohammed et Abdelkader, « avant, pendant et après les faits », listant les 3, 6, 11, 14, 15 et 17 mars. « Ils n’ont jamais été brouillés », lui sert de fil rouge, si ce n’est pour opacifier leurs activités clandestines. » Assis dans son coin, à quelques petits mètres, Eric Dupond-Moretti fait non de la tête.
L’avocat d’A. Merah sourit ironiquement quand son collègue du camp d’en face affirme que l’alliance entre les deux frères est prête, « le pacte établi » au moment où l’auteur des tueries revient du Pakistan en octobre 2011. En cette période, explique Klugman, le tueur a noué contact avec Al-Qaïda et a reçu l’instruction et l’autorisation d’un émir, balayant la thèse du tueur solitaire. « Il ne peut pas en être autrement. » L’avocat veut convaincre la Cour que l’accusé ne peut pas ignorer les motivations de son jeune frère et les raisons de sa présence au Pakistan et dans les autres pays visités à cette époque.
Mohammed Merah a été fabriqué par Abdelkader Merah
Pour Me Klugman, Mohammed est le bras armé, et on retrouve chez Abdelkader « tout sur le djihad », sous-entendu celui qui prône une vision violente (instructions militaires, les techniques d’échapper aux services de renseignement etc…). « Ils sont les complices du sang versé les 11, 15 et 19 mars 2012. » « Mohammed Merah a été fabriqué par Abdelkader Merah », résume de son côté Me Philippe Soussi. Mardi, place au réquisitoire, puis la défense. Le délibéré est attendu jeudi.
Leave a Reply