2 juillet au matin, Tyler Vilus a écarté toute participation, de près ou de loin, à l’exécution de deux prisonniers en 2015 en Syrie. Pour cette supposée implication, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le « djihadiste intégral », comme l’a qualifié l’avocat général dans son réquisitoire, sera fixé vendredi.
Sandales-chaussettes, treillis militaire aux tons chauds, large ceinture autour de la taille, Tyler Vilus va assister à l’exécution de deux prisonniers de l’Etat Islamique. L’horrible scène, scénarisée par le groupe terroriste, se situe à Al-Shaddadi, à l’est de la Syrie, et a très vraisemblablement été tournée en avril 2015. Pour sa supposée participation à ce double assassinat, le Français encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Accusé de « meurtre en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste », le trentenaire n’a cessé de nier depuis une semaine et le début de son procès devant la cour d’assises de Paris spécialement composée.
« Je n’ai joué aucun rôle, à aucun moment », répète-t-il ce jeudi matin à l’occasion de la dernière partie de son audition. L’accusation l’a identifié dans le rôle du superviseur, ou plus vraisemblablement dans celui d’un membre du service d’ordre. Son attitude visible dans la vidéo de propagande peut le laisser penser. Il se tient à côté d’autres combattants de l’EI, à trois mètres tout au plus des deux prisonniers habillés en orange, à genoux et poignets liés dans le dos. Celui qui agissait en Syrie sous la kounia d’Abou Hafs Al Faransi avance une explication toute simple.
#Vilus : « Je n’ai plus d’engagement djihadiste, de combat. Qu’est-ce qu’amène la guerre en général ? Cela n’amène que des morts. Je ne vais pas vous dire que je suis pacifique mais je ne vois pas dans la guerre quelque chose qui amène du bénéfique. »
— Alexandre Sarkissian (@Alex_Sarkissian) July 2, 2020
A la sortie de la mosquée, Tyler Vilus est attiré par un attroupement et s’avance alors vers les deux bourreaux prêts à exécuter la sentence. Que fait-il avec une arme de poing et un talkie-walkie ? « C’est normal d’avoir une arme dans une mosquée ? », s’interroge encore le président. « C’était la guerre, j’avais mon arme en permanence, rétorque Vilus. En voiture, j’avais toujours à mes pieds une Kalachnikov. » Il ne bronche pas devant l’insistance de la Cour et de l’avocat général. Il n’a pas joué de rôle actif dans cette scène, martèle-t-il
Exécutés devant des enfants
Si son implication dans le djihad armé et sa grande activité pour propager l’idéologie ne font aucun doute dans l’esprit du tribunal, on ne peut en dire autant sur sa participation à l’assassinat des deux prisonniers. « Eux, ils n’ont pas eu la chance d’avoir un procès, d’avoir trois avocats pour présenter leur défense, rappelle à l’audience Maître Claire Josserand-Schmidt, seule partie civile de ce procès, représentante l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT). Ils ont été exécutés, sans appel, devant des enfants. » Le verdict sera rendu vendredi en fin de journée.
Vous avez à juger «un trompe-la-mort, figure majeure du djhiadisme francophone» à la «capacité diabolique à se dissimuler» dit l’avocat général. Il est vrai que la justice fait face à un spécimen de combattant majeur, vivant là où tant d’autres sont morts, armes à la main #vilus
— Mathieu Delahousse (@Math_Delahousse) July 2, 2020