L’avocat de Michel Catalano a fait part mardi, au 10e jour du procès des attentats de janvier 2015, de ses interrogations au sujet du plan d’intervention déclenché du côté de Dammartin-en-Goëlle, où les terroristes avaient débarqué pour prendre en otage le patron d’une imprimerie . Leur fuite prendra fin dans cette commune de Seine-et-Marne.
Le 9 janvier 2015, les terroristes de Charlie Hebdo veulent affronter les forces de l’ordre. Pourquoi dans cette imprimerie de Seine-et-Marne au milieu d’une zone artisanale ? Les frères Kouachi auraient été contraints d’échouer à Dammartin-en-Goële après deux jours de cavale. Voilà une des hypothèses avancées à demi-mot mardi par Antoine Casubolo Ferro, l’avocat de Michel Catalano, le directeur de la société d’impression devenu otage.
« On rend d’abord hommage, bien sûr, aux gendarmes et à la police mais on veut comprendre simplement pourquoi il y avait des gendarmes le 8 janvier tout près de l’imprimerie et puis plus personne le 9 ? » Le conseil de Michel Catalano se demande pourquoi les terroristes de la rue Appert ont décidé de prendre la direction de cette zone d’activité en particulier et pas l’une des nombreuses autres sorties du secteur ce 9 janvier, un peu après 8H30.
#AttentatsJanvier2015 interrogé sur d'éventuels "ratés de l'enquête" l'avocat tient d'abord à rendre hommage au travail des policiers et gendarmes. Puis il rappelle que 14 personnes sont jugées aujourd'hui suite à ces attentats pic.twitter.com/c6ljZpauqx
— Aurélie Sarrot (@aureliesarrot) September 15, 2020
Me Casubolo Ferro, interrogé en zone mixte à la suspension de l’audience pour la pause déjeuner, souhaitait obtenir de la part de l’enquêteur de la Sdat (Sous-direction antiterroriste) présent à la barre toute la journée, des précisions sur le plan d’intervention (ex-Epervier) mis en place. Pourquoi se resserre-t-il le 8 au soir, s’interroge-il, et plus rien le lendemain : « M. Catalano, le 8, voit des gendarmes et le 9 au matin, quand il arrive à l’imprimerie, il n’en voit plus et on sait ce qu’il se passe ensuite. » Le gérant de la société a été pris en otage par Saïd et Chérif Kouachi après avoir envoyé un de ses employés se cacher à un étage supérieur. Les terroristes n’auront pas connaissance de sa présence.
L’autre doute qui a envahi Michel Catalano et ses conseils concerne les barrages. Ont-ils été établis dans le but de diriger les terroristes vers la zone artisanale ? Là aussi, l’homme en noir ne se faisait pas beaucoup d’illusions quant aux chances d’obtenir des éléments précis sur le sujet.
Dans la salle d’audience, Me Casubolo Ferro avait voulu aussi insister sur Farid Benyettou. Considéré comme le mentor des terroristes de la rue Appert à l’époque de la grande influence qu’il possédait au sein de la filière des Buttes-Chaumont, ce dernier est entré en contact avec Saïd Kouachi en octobre 2014, trois mois avant les attentats. « Les enquêteurs ont estimé que Benyettou n’avait rien avoir avec les attentats de janvier, bon très bien et ils ont leurs raisons, mais on veut savoir pourquoi », regrette l’avocat. Là aussi, le membre de la Sdat n’a pu donner satisfaction à l’ancien journaliste devenu avocat.