Les armes utilisées par Amedy Coulibaly, les 8 et 9 janvier 2015, ont pu être obtenus par une simple commande par Internet. Au 21e jour du procès, la Cour a voulu en savoir plus sur l’origine des fusils d’assaut et autres pistolets semi-automatiques qui avaient lourdement armé les terroristes.
D’où provenaient les armes ? Mercredi, au 21e jour du procès des attentats de janvier 2015, on a répondu en partie à la question. 10 accusés se trouvent dans le box principalement pour cette raison, soupçonnés la plupart d’avoir participé à la recherche et la fourniture de l’arsenal qui était en possession des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly. Les deux fusils d’assaut et les six pistolets semi-automatiques retrouvés à l’Hyper Cacher et à Gentilly (dans l’appartement loué par Coulibaly) proviennent d’un lot d’origine slovaque, a indiqué à la barre une enquêtrice.
Le parcours des Kalachnikov de Cherif et Saïd Kouachi, qui ont tué Frédéric Boisseau, Ahmed Merabet et des membres de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, n’a pu être retracé. Les investigations avaient établi en revanche que l’arme de guerre utilisée par Coulibaly contre Clarissa Jean-Philippe, le 8 janvier à Montrouge, puis à l’Hyper Cacher, a été commandée par la société de Claude Hermant en septembre 2014.
Il était assez facile de commander une arme par Internet, avant qu’elle ne soit envoyée par… voie postale, bien que ce genre de transaction soit interdit en France, souligne le témoin. Après réception, les armes étaient modifiées à nouveau afin qu’elles puissent servir et tirer notamment des cartouches 7’62. Même opération pour les pistolets semi-automatiques Tokarev.
Claude Hermant ne tient-il pas un rôle majeur dans ces attentats ? C’est le sentiment, voire la conviction, partagé par une bonne partie des avocats de la défense. Le conseil de Mohamed Fares, comme sa collègue Coutant-Peyre, ne comprend pas pourquoi Claude Hermant et les autres personnes impliquées dans un trafic d’armes jugé dans le Nord ne se trouvent-ils pas dans le box ?
Selon les enquêteurs, le rapatriement des armes à Paris a été effectué par plusieurs accusés du procès. "Ce qui pose question c’est le silence d’Amar Ramdani et Saïd Makhlouf sur leurs déplacements lillois pendant les 3 ans d’instruction", explique l'enquêtrice.
— Charlotte Piret (@ChPiret) September 30, 2020
Condamné en appel en février 2019 à 8 ans de prison par le tribunal de Douai (1), Hermant a été un indicateur des services des douanes et des gendarmes. Il a aussi déclaré qu’il avait fourni des armes démilitarisées à Samir Ladjali, dont certaines se sont retrouvées en possession de Coulibaly.
Ladjali, qui a nié avoir vendu des armes, devait être entendu par la cour d’assises ce jeudi 1er octobre, comme l’ensemble des protagonistes de ce trafic d’armes. Il ne viendra pas, faute d’avoir été localisé. L’occasion pour l’avocate d’un des accusés du box de monter au créneau. « A ce jour, en 2020, il n’existe toujours pas de lien entre Mohamed Fares et Samir Ladjali. » Fares encourt 20 ans de réclusion criminelle.
1 : Pour trafic d’armes en bande organisée. Il a aussi écopé d’une amende de 30 000 euros et d’une interdiction de détenir ou porter une arme pendant 5 ans.