Radicalisation plus ou moins récente, personnalité ultra violente, appétit sexuel obsessionnel, le profil de l’auteur de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice a été abordé par la cour ce 25 octobre.
Inhumain, monstre ou malade obsédé par l’ultra violence ? Comment qualifier Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, auteur de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice ? Comment expliquer un tel acte ? La cour a tenté d’en savoir plus, ce mardi 25 octobre, sur le parcours et la personnalité de ce Tunisien né en janvier 1985.
Menteur, voleur, impoli, c’est le portrait qu’avait dressé l’épouse, et cousine germaine, de M. Lahouaiej-Bouhlel. Trois enfants sont nés de cette union, si l’on peut la qualifier ainsi. Hajer K. a témoigné de violences physiques et psychologiques infligées régulièrement par son mari.
Elle a évoqué aussi des rapports intimes très violents. En 2014, après la naissance du deuxième enfant, c’est la séparation. Il passait voir les enfants le dimanche. Devant les enquêteurs, son beau-frère confirme une personne violente et pas du tout engagée dans la religion.
Ce désintérêt du fait religieux, malgré la fréquentation dans sa jeunesse d’une école coranique pendant trois ans au moins, revient parmi les témoignages recueillis à l’époque, souligne un membre de la Sdat (Sous-direction antiterroriste), entendu mardi en visioconférence par la cour d’assises de Paris spécialement composée.
La violence dont a fait acte M. Lahouaiej-Bouhlel s’est manifestée assez tôt, dans sa jeunesse en Tunisie qu’il a quittée en décembre 2007. Son père, soupçonné d’avoir appartenu à un groupe islamiste, estime que ces troubles sont la conséquence de la surconsommation de protéines accompagnant sa fréquentation des salles de musculation.
L’ancien chauffeur-livreur a également poussé la porte du cabinet d’un médecin. A 19 ans, M. Lahouaiej-Bouhlel a vu un psychiatre à Sousse. Le médecin tunisien a parlé d’une tendance à recourir à la violence. Diagnostiqué perturbé, le patient ne réagissait pas à l’entretien.
« Je lui ai donné des médicaments calmant les nerfs et contre le stress et l’angoisse, avant de le revoir une deuxième fois. Mais il n’est jamais revenu, donc impossible de faire un examen complet », a déclaré le psychiatre à la police.
Dans le dossier a été évoquée une possible radicalisation récente qui l’aurait convaincu de commettre un attentat. En décembre 2014, Mohamed L-B. s’est désolé, auprès de son ex-épouse (SMS), de la mort de l’auteur (Bertrand N.) de l’attaque d’un commissariat de Tours. Sa supposée adhésion aux thèses meurtrières n’a peut-être pas débuté seulement quelques semaines avant l’attentat.
Le 5 août 2015, M. Lahouaiej-Bouhlel a été contrôlé en Italie (Vintimille) alors qu’il participait à des opérations avec l’association caritative « Au coeur de l’espoir » (maraudes pour des gens en situation irrégulière).
Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a eu des contacts dans le quartier de l’Ariane à Nice, avec des personnes de cette association connues pour leur vision rigoriste de l’islam, répond l’enquêteur de la Sdat. Un des membres, Omar H., est identifié par la police comme appartenant à la mouvance radicale islamiste. Une piste de la radicalisation de Lahouaiej-Bouhlel ?
Le témoin de la Sdat affirme que l’enquête ne dispose pas d’éléments raccordant M. Lahouaiej-Bouhlel avec « Au coeur de l’espoir », au contraire de ceux montrant qu’il était seul à préparer l’attentat. L’état islamique l’avait revendiqué. Probablement par opportunisme, selon des hypothèses.