La première semaine du procès de l’attentat de Magnanville s’est achevée vendredi avec un membre de la Sous-direction antiterroriste de l’époque. Il avait interrogé l’accusé en garde à vue.
« Il a l’air assez sûr quand il me parle. » Mohamed Lamine Aberouz donne plutôt une bonne impression à l’enquêteur chargé de l’auditionner, lors de sa première garde à vue en avril 2017 . Membre de la Sous-direction antiterroriste, ce dernier se souvient pour la cour d’Assises de Paris au cinquième jour du procès de l’attentat de Magnanville.
Déposant vendredi 29 septembre en visioconférence, derrière une vitre le rendant anonyme, le témoin « Sdat 118 » évolue quelque peu sous le feu des questions au sujet de l’état d’esprit de Mohamed Lamine Aberouz durant les sept interrogatoires subis.
Celui qui est interpellé le 3 avril 2017 à 6h05, car soupçonné notamment d’avoir influencé religieusement Larossi Abballa, l’auteur de l’assassinat le 13 juin 2016 de Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing à leur domicile, manifestait quand même un brin de nervosité, poursuit le témoin.
Attentat de Magnanville, un ADN comme acteur principal du procès
« Il se ronge les ongles, se lisse la barbe, on le sent un peu soucieux mais en même temps, il y a une maîtrise chez lui. » Le policier de la Sdat n’a pas souvent vu des suspects avec une mémoire aussi bonne. « Il écoutait bien les questions, il voulait que tout soit précis. »
Dans une salle d’audience assez clairsemée, un élément perturbe le président de la Cour. Il s’étonne que l’accusé n’ait pas eu « un choc de quelques secondes » quand les enquêteurs lui ont appris que son ADN avait été retrouvé au domicile des victimes.
Interrogé le 11 décembre 2017, après sa deuxième arrestation et durant la septième et dernière audition évoquée à l’audience par le membre du Sdat, Mohamed Lamine Aberouz répond quasi instantanément : « Si mon ADN s’y retrouve, c’est parce que je suis monté dans sa voiture. »
Cette spontanéité n’a rien de surprenant, au contraire, estime Vincent Brengarth, un des deux conseils de la défense. Habitué de la Renault Clio de Larossi Abballa, l’accusé se montre justement « cohérent » puisqu’il n’a cessé de parler de la voiture tout au long des auditions. A huit reprises, souligne l’autre conseil de l’accusé.
Les traces génétiques de Mohamed Lamine Aberouz ont été retrouvées sur la ceinture et un appuie-tête de la Clio. C’est pourquoi Larossi Abbala a ramené l’ADN de l’accusé sur l’ordinateur situé dans la maison du couple de policiers.
Cette théorie de la défense avait été discutée dans la matinée de vendredi. Transfert ou pas transfert ? Les experts scientifiques interrogés par la Cour ne se sont pas prononcés de manière catégorique. Le doute semble bien réel.